Conte 1 : Pendant ce temps là

La nuit s'étendait sur la ville des hommes en ces jours de pré solstice d'hiver, sombre, épaisse et impénétrable. Le vent soufflait dans les rues et ruelles, répandant un froid pénétrant jusqu'aux os. Les hommes étaient nerveux. Ils avaient peur. Ils avaient toujours peur. Peur de leur ombre, peur de leur potentiel, peur de la nuit. Cette nuit même qu'ils tentaient d'éclairer par leur pitoyable Technologie morbide et moribonde, répandant un incendie dans les cieux qui masquait la douce lueur des étoiles, donnant une teinte crépusculaire à tout nuage qui se prélassait dans les airs.

Je contemplais la cité des hommes du haut d'un très haut building, tendant l'oreille de mes 7 sens, écoutant la rumeur de la cité de la peur des hommes. Les voitures rugissaient dans les rues, les voix humaines hurlaient pour s'entendre, le vrombissement électromagnétique emplissaient chaque recoin de chaque immeuble, espace vide, espace vital. Tout se mêlait dans un capharnaüm étourdissant de confusion mentale.

"Comme toujours, la peur imprègne les rues."

"N'est-ce pas fascinant ?"

Un collègue et ami venait de se matérialiser à quelques pas de moi et s'approchait désormais du rebord. Le teint noir, les lunettes de soleil noir, le pantalon et la veste noir, il affichait un complet vestimentaire qu'il semblait aimer depuis ces "derniers temps".

"Qui aurait cru que le Comte de Saint Germain aime en ces temps troublés un look qui ressemble férocement à un membre de la CIA ? Fais attention mon ami, tes fidèles vont avoir une attaque cardiaque."

"Je ne vois pas de quoi tu parles très chère. Je leur ai épargné la veste blanche et la cravate noire. Et puis, j'ai pris un teint noir pour justement qu'on ne m'identifie pas trop au cas où l'on me verrait en train de discuter avec toi ici."

Un sourire amusé s'étirait sur nos visages. S'il y avait bien une chose qui était génial, c'était les paradoxes qui nous permettaient de faire de l'humour dans un environnement aussi vaseux.

"Tout s'achemine vers le grand Final si ma lecture des Lignes de Temps est correct."

"Oui mon ami. Dans très peu de temps, la Transmigration Temporelle s'effectuera sans encombre."

"Suis-je arrivé "à temps" pour assister à la première mise en information libre ?"

"Comme d'habitude, mon ami, tu es toujours à l'heure à la seconde près."

S'en suivit un long silence rempli de réflexions et de songes.

"Je me demande à quoi peut bien ressembler leur état de Conscience de la situation."

"Tu aimerais tester ?"

Un autre sourire fleurit sur mes lèvres.

"Il n'y a plus "de temps" pour ça."

Saint Germain se tourna vers moi et me regarda de ses grands yeux violets dissimulés à ce moment là par les lunettes de soleil.

"Tu aurais aimé être parmi eux n'est-ce pas ?"

Je soupirai. Rien n'était caché à notre niveau de fréquence. Ce n'était pas que cela m'énervait que tout le monde sache, c'était juste un réflexe acquis après avoir fréquenté la matière pendant trop longtemps.

"Des fragments de Qui je Suis sont là pour y assister à ma place. Mais je ne te cache pas qu'il me tarde de ressentir l'Intégralité de leurs Expériences."

Saint Germain m'envoya une onde mentale amusée.

"Ce n'est pas comme si tu ne pouvais pas déjà y accéder... Le temps n'existe pas."

"Je suis  une grande joueuse qui n'aime pas le spoiler. J'aime l'idée de découvrir en même temps qu'eux, même si bien sûr, je le sais déjà."

Saint Germain éclata de rire, ce qui eut pour effet de transformer le béton gris en béton violet. Puis il déclara en pouffant :

"Toi aussi, tu es tombée amoureuse de la matière !"

Je fermai un instant les yeux.

"Cela se voit je pense. Les hommes ne se rendent pas compte du cadeau qui leur a été fait et qui va leur être une nouvelle fois donné."

Le regard physique et vibratoire de Saint Germain se perdit dans le ciel, ce qui eut pour effet de faire se déplacer un nuage et faire faiblir l'intensité lumineuse technologique : quelques étoiles apparurent.

"Tu vas nous faire repérer, arrête ça !"

Saint Germain sourit d'un air goguenard.

"Laisse, c'est un signe pour ceux qui voient."

"Vas y molo sur les signes. Si on se fait choper, on risque encore de nous prendre pour Jésus et Marie !"

"Madeleine ?"

"Note que ce serait une bonne surprise, mais tu ne m'auras pas avec ça."

C'est alors que nous captâmes une onde mentale plus élevée à travers tout ce chambard qui s'étalait sous nos yeux. Un humain avait repéré le coin de ciel dégagé.

"Allez arrête maintenant ! On va vraiment se faire choper !"

"Ils repèrent de plus en plus vite, c'est bien." dit Saint Germain en essayant de changer de sujet.

"Avec tout ce qu'on leur a mis dans la gueule au niveau vibratoire et tout ce qu'on leur a bassiné, c'est pas triste qu'ils repèrent tiens !"

Je mimais la colère et l'exaspération, mais je ne cachais pas ma bonne humeur de voir ça. Saint Germain alors continua :

"La Transmigration Temporelle hein ? Si j'avais été encore limité par la matière en ce temps précis, en voyant tout ça, j'aurais sans doute du mal à y croire."

"Heureux ceux qui croient sans voir disait Jésus. S'ils ont un seul gramme de bon sens, ils s'en souviendront."

"D'après ma lecture de la Ligne de Temps, nous avons déjà commencé à divulguer des codes pour l'Activation Interne des Capacités ?"

"Tout est encore théorique à "l'heure" où nous parlons, mais c'est en réémergeance, oui."

"Hmm je vois."

Un autre long silence lourd de sens multiples s'installa entre nous. C'est alors que du plus profond de nous, et autour de nous, nous entendîmes la Source :

"L'Hiver vient."

En chuchotant nous complétâmes : "Et la nuit est sombre et pleine de Terreur".

Saint Germain se tourna vers moi et me salua en ces termes :

"Ainsi vient l'Extase..."

Je me tournai à mon tour vers lui et compléta avec un radieux sourire.

"Qui conduit à la Mort."

Dans un seul et même élan, nous nous jetâmes dans les bras l'un de l'autre, union d'un baiser fugace tandis que nos cellules faisaient exploser leur fréquence vibratoire en un big bang sublime. La Matière se contorsionna autour de nous et finit par se ségmenter en milliers de dodécaèdres univers où le Lion rugissait. En un extatique flamboiement, les dodécaèdres se touchèrent pour n'en former plus qu'un.

Les ponts étaient établis. La croisée des mondes se faisait. Tout était bien.

 

Sur le toit d'un très haut building new-yorkais, deux personnes avaient disparu dans une déchirure spatio-temporelle au moment où toute lumière s'éteignit et où toute Lumière s'épanouit.

 

J'étais Bardhena de l'Union des dodécaèdres-univers, et mes contes sont d'unification.

Conte 2 : Mon nom est Temps

Remarque : Quelqu'un m'a fait remarquer que le nombre de rois est faux. Alors je corrige ici. Bien sûr, dans un cube, il y a 31 rois et non pas 13.

On m'a demandé le pourquoi de cette erreur et je vous réponds ceci : Pendant que j'écrivais ce conte, on m'a transmis le schéma d'un cube avec les rois sous forme de points lumineux aux angles du cube, au centre des faces, et au centre même du cube. Je les ai comptés mentalement, et, étant une tanche en calcul, je me suis trompé.

On m'a ensuite demandé pourquoi Bardhena m'avait laissé faire une faute aussi conséquente. Je vous répondrai de cette manière : un soir, alors que je marchais sous la pluie sur un trottoir, des voitures étaient garées juste à côté, et, mon regard accrochant une plaque d'immatriculation, je vis ce chiffre "3113". Dans ce conte, j'ai tout d'abord dit qu'il y avait 13 rois, alors qu'en vérité il y en a 31. Comme on peut le voir, les chiffres 13 et 31 sont des miroirs inversés, et c'est bien pour ça qu'elle m'a laissé faire cette erreur.

Tout part du fait que 13 est l'inverse de 31.

Qu'est-ce que cela veut dire ? Et bien c'est un texte hermétique qui a pour ambition de faire réfléchir le monde. Je sais que vous vous posez des questions sur ces rois dont je parle, mais je ne vous dirai rien sur eux. Le mystère du "3113", des rois, et de tout autre hermétisme, c'est à chacun de nous de trouver les réponses multiples.

Merci à tous de votre compréhension, et merci à celui qui a remarqué l'erreur.


Jonas.




Le soleil brillait dans ce ciel bleu sans nuage. On en était déjà arrivé à la moitié de l'après-midi et la luminosité commençait à baisser. Nous étions au début de l'hiver et la lumière de l'étoile solaire était alors à son plus faible. C'est donc une lumière d'aube de l'hiver qui pénétrait à flot mesuré par la porte vitrée dans un salon du style des années 50. Des tableaux du XIXème siècle étaient accrochés aux murs ocres. Des rideaux jaune tournesol étaient accrochés à la porte vitrée donnant sur un balcon qui faisait le pourtour de la maison. Un lustre en bois ciré agrémenté d'ampoules imitant les flammes d'une bougie était suspendu au plafond en plâtre blanc. Le carrelage immaculé quant à lui reproduisait un damier noir et blanc. Posée sur des dalles blanches, une table dodécaédrique en bois poli se trouvait au milieu de la pièce. Tout autour, toutes posées sur des dalles noires, des chaises de style Louis XVI au nombre de 13 se trouvaient là. Sur la table en bois poli se trouvaient des cartes de jeu en pile. Pour finir, deux personnes étaient assises l'une en face de l'autre à cette même table. L'une était moi. L'autre était une femme aux cheveux blancs et au regard bleu délavé par le temps. Elle portait une robe de satin bleu indigo et des cagulas romaines aux pieds. Personne n'aurait pu donner d'âge à cette dame. Tantôt elle paraissait incroyablement jeune, presque juvénile, tantôt elle donnait l'air d'avoir vécu très longtemps.

 

"Tes visites ont une saveur particulière sur mon palais. Certainement, ce qui est rare est toujours plus fort." commença-t-elle.

"Je n'ai pas souvent l'occasion de venir te rencontrer très chère. Il faudra m'en excuser."

"Je vois ça. Et pour quelle raison une désincarnée viendrait me rendre visite au coeur du programme principal de la matrice ?"

Un petit sourire s'étira sur mes lèvres, amusée.

"Les temps sont murs très chère. Il était temps d'avoir une discussion sur ce que tu es."

"Les temps sont toujours murs, et en même temps ne le sont jamais. Te rends-tu compte qu'il va être extrêmement compliqué pour ton scribe de retranscrire tout cela ?"

"Il y arrivera dans les temps impartis."

"Dans ce cas là, c'est parti."

Mon interlocutrice sourit et claqua des mains. Aussitôt, les cartes soigneusement empilées sur la table s'élevèrent dans les airs et se posèrent chacune à leur place sur la table formant des figures géométriques complexes toujours changeantes.

"Qui est le roi, n'est-ce pas ?"

La question était purement rhétorique. Mon interlocutrice avait l'air de s'adresser directement aux protagonistes sur la table. Un sourire amusé était plaqué sur son visage et ses yeux pétillait de plaisir.

"Faisant partie intégrante de la matrice, je suis présente sur tous les plans possibles à quantifier, noter, observer. La ligne temporelle qui nous intéresse ici est une des dernières des possibles. La plage temporelle concernée est située approximativement au premier tiers du Parcours."

Là encore, tout ceci ne m'était pas adressé. Il s'agissait d'avantage d'un monologue. Je crois savoir qu'il s'agissait là d'un tique chez elle, une manière pour elle de se retrouver dans le fouillis des plans qu'elle contenait. Finalement, les cartes s'immobilisèrent. Les quatre rois formaient une croix au centre de la tables entourés par les quatre reines et les quatre valais formant un double carré. Tout autour du double carré, les autres cartes formaient un cercle parfait.

"Ils sont si attendrissants quelque part. Ils cherchent le Roi, son grand retour. Mais il n'y en a pas un, mais bien cinq !"

"Toute la subtilité réside là n'est-ce pas ?"

"Cela est très difficile à comprendre pour eux, mais nous allons tenter de l'expliquer pour ton scribe. Cette matrice est une matrice 3D : soit longueur, largeur et profondeur. Pour faire plus simple, la matrice est un Cube, et le cube est le symbole de la 3D."

"Je crois que tu vas les embrouiller encore plus !"

Cela la fit rigoler.

"Il y a de quoi ! Revenons à nos moutons cubiques. La raison pour laquelle il y a 5 rois et pas 1 seul. Prenons une face d'un cube, soit un carré. Il faut quatre côtés pour former la structure du carré. Il faut donc quatre rois pour créer un Plan d'existence. Le cinquième est celui qui est au centre de la surface ; celui de qui tout est parti. Le point d'origine sans qui rien de tout cela ne serait possible sur ce Plan."

Un sourire amusé se peignit sur mes lèvres.

"Tout cela serait parfait si la matrice était en 2D, mais c'est une matrice 3D, donc un cube, et non pas un simple carré !"

"Il faut toujours que tu compliques tout !"

"Plains toi aux Archontes si tu le veux."

"Crois moi, je pense qu'il est arrivé qu'eux-mêmes se soient plaints à eux-mêmes de ce qu'ils ont fait."

Rire collectif. C'était bon de rire de cette complète absurdité géniale.

"Donc oui, un cube. Pour simplifier, imaginons qu'un carré soit le plan d'existence de toute une Version de la Matrice. Un cube est quant à lui constitué de 4 carrés. La Matrice entière est donc constituée de 4 Versions d'univers, chaque Version comportant 4 rois donnant la forme et un cinquième qui est le point d'origine... Tu crois qu'il suit ?"

"Je le prends pour quelqu'un de résistant, ne t'en fais pas."

"Bien. Cela nous fait donc un total de 8 rois pour la forme du cube, plus les 4 autres qui sont le point d'origine de leur Version respective, cela nous fait en réalité 12 rois."

"Il en manque un."

"Exactement. Le treizième est celui qui est au centre du Cube, donc le point d'origine de la Matrice Entière !"

"Quelque chose d'extrêmement important n'est-il pas ?"

"Capital même !"

"Mais tu oublies encore quelque chose !"

"Exact encore une fois, on ne peut rien te cacher ! Le fait est que le treizième roi au centre du Cube est directement relié aux cinquièmes rois au centre de leurs carrés. En fait, c'est comme si les cinquièmes rois étaient des trous noirs donnant sur le 13ème !"

"Fais plus simple je te prie."

"Pour faire encore plus simple, les cinquièmes rois sont les fractions dimensionnelles du 13ème Roi. En gros, il n'y a pas de différence entre le 13ème et les 5èmes. Ils sont tous la seule et unique Personne, divisés dans les Versions de la matrice."

"Et il en va de même pour ?..."

"Il en va de même pour les 4 rois du carré. Ce sont tous des fractions dimensionnelles du 5ème roi."

"Pour faire la simplicité même, les 13 rois sont une seule et même personne une fois réunis."

Rire de nouveau collectif.

"En vérité, ce sont des poupées russes. Il n'y a qu'un seul et même Roi, mais... c'est plus compliqué que ça !" dis-je en pouffant de rire.

"Et là, la question prend encore un autre sens ! Qui est le Roi ?"

 

À l'extérieur, le soleil hivernal s'était couché derrière la Montagne.

 

Tou bi continioud...

 

Texte enregistré dans la fractale matricielle X-191/00000000000000

 

Conte 3 : Le temps du Rappel

Le ciel était gris, couvert de nuages menaçants qui pourtant s'obstinaient à refuser de pleuvoir. J'étais recroquevillé là, au milieu d'une plaine désertique où poussait la poussière ainsi que quelques arbres sans aucune feuille.

J'étais déchiré par des contradictions que je ne parvenais pas  à résoudre. Comment le monde pouvait-il être si dur et pourtant si beau ? Comment savoir ce qui est bien de ce qui est mal ? Et moi dans tout ça, quelle était ma place ? Autant de questions auxquelles je n'avais pas le moindre début de réponse. Tout me semblait embrouillé. J'étais perdu.

Des bruits de pas se firent alors entendre. Relevant la tête, je m'aperçus que des formes humaines étaient apparues soudainement devant moi, marchant sur un chemin en terre battue s'étendant d'un côté comme de l'autre jusqu'à l'horizon.

Ces formes humaines étaient toutes grises et rachitiques, un peu comme des dessins simplistes que quelqu'un de pas très doué en dessin pourrait faire. Elles donnaient l'impression de souffrir et de continuer à marcher de manière automatique sur cette route, comme si elles avaient abandonné l'idée de savoir dans quel but elles faisaient cela. Ces êtres aussi étaient perdus.

Voir cela me fit terriblement mal.

Si c'était cela le monde, alors il pouvait bien disparaître dans l'absurdité d'où il était venu. Je me mis à pleurer. Le spectacle m'était tout simplement insupportable, car les voir souffrir sans but me renvoyait uniquement mon propre sentiment d'être perdu. Donc, moi aussi, j'étais comme eux ? Je rejetais l'idée de continuer comme cela.

Je refuse.

"Tu es perdu semble-t-il."

Je sursautai. Une jeune fille était apparue de nulle part, assisse à côté de moi. Elle avait les cheveux noirs, un visage compatissant aux yeux bleu azur. Ses vêtements consistaient en un kimono agrémenté d'une longue écharpe qui serpentait le long des manches de son habit. Aucune larme sur ses joues et elle me souriait d'un air entendu.

"As-tu mal ?" C'était là la seule question à laquelle je pus penser sur le coup.

"De voir ça ? Pas de la même manière que toi. Parce que je l'ai intégrée."

"Intégrée ?"

"Je l'ai comprise, je l'ai acceptée."

L'idée me révolta.

"Comment ? Comment as-tu pu faire ça ? C'est horrible d'accepter ça ! Tu vas donc laisser faire ? Agir contre ça pour toi, c'est hors de question ?"

"Agir contre ça ? Pourquoi être "contre" ? Je préférerais l'accompagner pour le diriger vers quelque chose de mieux plutôt."

"Tu refuses de comprendre..."

"Non ! Non, c'est toi qui es perdu. C'est toi qui as refusé de souffrir plus longtemps. C'est toi qui m'as appelée pour comprendre."

Mon regard se perdit dans la foule d'êtres en souffrance.

"Qu'y a-t-il à comprendre de toute cette horreur ? De toute cette absurdité ?"

"C'est en comprenant l'horreur et l'absurdité que l'on devient capable de la changer."

"Concrètement, comment je fais ?"

"Faire est impossible."

J'eus un mouvement d'indignation.

"Essaye alors ! Essaye de faire quelque chose !"

Elle me provoquait. Piqué au vif, je tentai de me lever, mais à ma grande surprise, j'en fus incapable. C'était comme si mon corps tout entier pesait une tonne.

"Que m'as-tu fait ?" dis-je en paniquant.

"Moi ? Rien. C'est ainsi. Tu es incapable de les aider à aller mieux."

"Pourquoi ?"

"Parce que c'est TOI qui les rends ainsi."

J'en tombais des nues. Elle me racontait uniquement des salades. Moi ? Rendre malade les autres ? Impensable !

"Tu refuses de me croire ? Regarde mieux."

Elle claqua des doigts et soudain le paysage entier qui m'entourait disparut, laissant la place à un espace vide tout blanc comme une page vierge. La seule chose qui perdurait était moi, elle, et les êtres de souffrance marchant devant moi. Je vis alors qu'ils étaient seulement des hologrammes que mon coeur projetait.

"Allons plus loin dans le terrier du lapin blanc, veux-tu ?"

Nouveau claquement de doigts. Le paysage commença à réapparaître par touches successives. D'abord les nuages, ensuite les arbres, ensuite la plaine. Chacun était projeté directement de mon coeur.

"Tu vois ? C'est toi qui rend le monde malade !"

"Pourquoi ?"

"Parce qu'ils sont ta propre souffrance d'être perdu."

"Comment puis-je arrêter d'être perdu ?"

"En acceptant de l'être, tout simplement."

Encore un gouffre d'incompréhension.

"Es-tu folle ?"

"Quand un homme se perd en forêt, c'est souvent quand il accepte le fait d'être perdu qu'il réfléchit à un chemin de sortie de la meilleure manière qui soit."

"Mais ça fait mal !"

"Parce que tu luttes contre le sentiment d'être perdu."

"J'ai peur !"

"Cela montre la voie de sortie..."

Et elle disparut comme elle était venue.

 

Comment tout cela était-il possible ? Un autre moyen existait-il ? Je retournais le problème dans ma tête, essayant de fuir le problème quand mon regard se reposa sur eux : les êtres de souffrance. Je compris une chose. Avais-je le droit de les faire souffrir ainsi ? Si en faisant cela, ils pouvaient aller mieux, alors la question se posait-elle encore?

"C'est une impasse. Si tu prends cette route, tu finiras par haïr le monde, car tu auras alors l'impression vraie que le monde te contraint à faire des choses."

Un homme était apparu à mes côtés cette fois-ci. Il était bruns aux yeux verts et avait un visage pointu. Ses habits étaient constitués d'une chemise noire et d'un pantalon marron.

"Mais pourtant, c'est de l'altruisme !"

"Et toi dans tout cela, où es-tu ?"

"Nulle part. Les autres doivent passer avant moi."

"Oh ! Et pourquoi ça ?"

"Que suis-je comparé au monde !! Une poussière !!!"

"UNE POUSSIÈRE QUI PEUT CHANGER LE MONDE !!" cria-t-il avec colère avant de continuer. "As-tu donc de la fierté pour qui tu es ? As-tu de l'amour-propre ? Les autres peuvent donc te piétiner à loisir ? Ton instinct de sacrifice est tellement énorme qu'il en devient burlesque !"

"Je ne veux pas être égoïste !"

"Égoïste ? Le monde entier l'est, car le monde entier dépend de ceux qui y vivent ! Si tu décides d'arrêter de souffrir, le faire pour les autres est sans issue, mais le faire pour toi, cela seul peut t'apporter quelque chose ! Si tu décides de devenir le Grand Roi le feras-tu sous la pression de l'autre ou parce que tu le veux ? Décide le en ton âme et conscience ! Parce que tu te sens obligé ou parce qu'uniquement cela te plait est une mauvaise réponse ! FAIS LE PARCE QUE TU ES PERSUADÉ AU PLUS PROFOND DE TOI-MÊME QUE TU ES FAIT POUR ÇA !"

"..." J'en restais soufflé.

"On vous bassine avec la noblesse du don de soi, mais sache que le don de soi est noble seulement parce qu'il est compris sur le Chemin que tu as décidé de prendre pour Toi-Même ! Ça s'appelle le Respect de Qui tu Es !"

"..."

"Alors la question es simple. QUI ES-TU ? ET QUE VEUX-TU ?"

"Je veux simplement arrêter de souffrir."

Mais mon interlocuteur avait lui aussi disparu comme l'autre.

 

C'était vrai. Je voulais arrêter de souffrir. Arrêter d'être perdu sans arrêt. Dans une grande expiration, je fis ce que j'aurais dû faire depuis longtemps. J'acceptai la souffrance et la réintégrai en moi.

 

Tout de suite, je perçus la différence. Maintenant que j'avais accepté le fait de souffrir, je voyais si facilement à quel point il était simple d'arrêter. Et je trouvai ma Joie.

Aussitôt, le décor changea. La plaine devint verte, couverte de fleurs et d'arbre aux feuilles vives. Les êtres étaient devenus des hommes et des femmes au grand sourire.

 

Ils étaient devenus les deux à la fois. Souffrance et Joie. Et cela avait à vrai dire perdu toute sorte d'importance. Ma première interlocutrice réapparut alors.

"C'est en comprenant ce qui est jugé impossible à comprendre que l'on obtient la Fusion des deux en Transcendance."

Je lui pris la main et je compris qui elle était.

 

Elle était Bardhena, Meneuse vers l'Unité, ma Projection et si elle était là, c'est parce que je l'avais désirée.

Conte 4 : Visite éclair au 19ème étage

Elle reposait là, au milieu d'une étendue d'eau aussi lisse qu'un miroir, en position du lotus sur un lotus blanc assez grand pour lui permettre de ne pas se sentir à l'étroit. Autour d'elle, rien si ce n'est le lotus, l'eau immobile et les étoiles dans le ciel. Une grande paix et un grand silence régnaient en ce lieu tout à la fois immense et petit, grandiose et simple.

Elle ouvrit les yeux, dévoilant des pupilles kaléidoscopiques et plongea son regard dans l'eau qui l'entourait. Des images d'abord troubles apparurent à la surface, puis se précisèrent. Elles montraient chacune une personne différente dans des lieux différents en train de faire chacun des choses différentes. Il y avait des hommes, des femmes, des enfants...

S'étant assurée que tout le monde allait bien, son attention se concentra sur une des personnes en particulier. Il s'agissait d'un jeune homme de 16 ans en train de marcher avec difficulté dans un blizzard. Il avançait avec difficulté. Il avait froid. Il avait faim. Il était fatigué. Mais il savait autant qu'elle qu'il devait continuer à marcher pour deux raisons. Premièrement parce que s'il s'arrêtait, il mourrait. Deuxièmement parce s'il mourait, tout serait à recommencer, encore une fois. Et Elimar n'avait aucune envie de devoir recommencer tout ce qu'il avait fait jusqu'à maintenant dans sa vie, ça aussi elle le savait.

Cependant, elle savait également que sans soutien de sa part, il flancherait et s'effondrerait. Aussi projeta-t-elle son intention vers Elimar. Elle franchit la barrière séparant les univers comme on traverse une pellicule d'eau et flotta autour de lui.

"Courage Elmar. Tiens bon, tu y es presque."

"Tu en as des bonnes. On voit que c'est pas toi qui marches sous la neige"

"Rappelle-toi ce qui t'a amené ici. Quelle est ta motivation première ?"

"Mettre un terme à l'Hiver."

"Pourquoi veux-tu faire ça ?"

"Parce que les rois de l'Hiver tyrannisent le Peuple du Royaume. Parce que leurs serviteurs oppressent les gens. Parce que leurs créatures dévorent des innocents."

"Pour qui fais-tu tout ça ?"

"Pour l'équilibre du monde. Pour ma famille, pour ma fiancée, pour moi et pour toi."

"*rires*Quel charmant garçon ! Ce n'est pas ainsi que tu arriveras à me charmer cela dit !"

"Comme si cela était mon but ! Mais c'est bien toi qui es venue me voir il y a 3 ans. C'est bien toi, qui m'as entrainé dans toute cette merde. C'est enfin toi, qui m'as dit que lorsque je poserai la Gemme d'Été, l'Hiver prendra fin et l'équilibre reviendra. Alors, je le fais pour toi aussi."

Elimar avait retrouvé des forces. Avec une détermination renouvelée, il continua à tracer son chemin dans la poudreuse.

Son intention se relâcha et elle s'éleva dans les airs, laissant Elimar seul avec lui-même. Elle savait pour sa part que son but était proche. Que dans une heure, tout au plus, il aurait atteint les Ruines Anciennes. Elle ne se faisait pas de soucie pour lui. Relâchant encore plus son intention, elle s'évapora de cette univers, retraversant la pellicule d'eau-frontière entre les dimensions, et se retrouva assise sur son lotus blanc au milieu de l'étendue d'eau.

Encore une fois, elle contempla l'univers dans lequel elle se trouvait. Il s'agissait là d'une petite bulle dimensionnelle qu'elle avait elle-même créée. Certains humains d'autres dimensions auraient pu appeler cet endroit son "chez elle". C'est alors qu'elle sentit un esprit dimensionnel qu'elle connaissait bien se matérialiser près d'elle.

À la surface de l'eau surgirent du néant de grande flammes indigo à la lumière éblouissantes formant une chrysalide de feu bleu. Un léger battement d'aile de la part de son visiteur et les flammes s'évanouirent sans laisser de trace, le dévoilant dans toute sa splendeur. Une grande toge bleu indigo associée à une peau d'un blanc translucide. Des cheveux blonds aux reflets orangés et des yeux d'un bleu du même bleu qu'un ciel d'été. Métatron se tenait devant elle.

"Papa, que me vaut ta visite ?"

"Un peu de temps à passer avec ma fille peut-être ?"

"Ce n'est pas de refus ma foi."

Matérialisant une nappe de feu en lévitation, Métatron s'y installa en tailleur à côté d'elle.

"Je t'ai déjà dit plusieurs fois que tu avais des goûts trop spartiates. Un peu de décoration par ici ne te ferait pas de mal."

"C'est ta vérité, papa, je te l'ai déjà dit. Moi, je préfère le charme de l'épuration. C'est très poétique tu sais."

"Tu as toujours eu un côté esthétique trop raffiné ma fille."

"Et toi, tu as toujours été trop voyant. Regarde juste tes entrées en scène. De quoi faire griller les yeux de toute une planète."

"Désolé ma fille, mais tu as hérité de moi sur certains aspects. Un lotus blanc ? Cela fait très m'as-tu vu."

"*rires*Certes, mais c'est raffiné."

"*rires*Parce que je ne suis pas raffiné peut-être ?"

"Pas sur ce plan en tout cas. Tu es raffiné avec tes livres de ta bibliothèque, oui."

Métatron geignit : "Pitié, ne me parle pas de ma bibliothèque s'il te plait. Au moins, pas pendant mes heures de repos."

"Tu as perdu la faculté de bilocation ?"

"Je suis mort de rire jeune fille."

"Bien, alors tu es donc au boulot."

"Pas moi en tout cas."

"Pas toi, si tu veux."

"Tu veux mon poste de bibliothécaire akashique ? Ça me fera des vacances."

"Non merci papa. Avoir une simple formation m'a amplement suffi."

Un petit moment de silence s'ensuivit.

"De toute façon, la Source ayant commencé son Inspiration, tous les univers vont converger vers elle pour finir par se résorber. La compression de données va te faciliter le travail non ?"

"Oui et non. Il y a moins de livres, mais la masse d'informations reste le même."

"Courage mon petit papa."

"Merci ma fille."

"C'est toi qui transmettra l'ensemble des Expériences à la Source au dernier Jour. Motive toi un peu en imaginant la Joie de ce moment !"

"Merci de ton conseil ma fille."


Et Métatron se dématérialisa, laissant une petite fleur aux pétales de feu bleu flotter à la surface de l'eau. Elle suivit pendant un temps la progression de l'Esprit de son père traverser les niveaux matriciels jusqu'au premier-dernier où se tenaient les 13. Puis, captant un appel interdimensionnel nécessitant la totalité de ses Divisions Multilocationnelles, elle relâcha son Intention et s'évapora du lotus, franchissant en un clin d'oeil les dimensions pour se matérialiser en un seul endroit de la strate matricielle, là où on l'avait appelée.


Tous étaient déjà rassemblés dans la grande Chappelle de Cristal.

Il ne manquait plus qu'elle : Bardhena de l'Unité à la Source. Ttranquillement, elle s'assit à son siège, et la Réunion put commencer.

 

Conte 5 : l'Émerveillement

Assise sur sa fleur de lotus flottant sur une mare tranquille, elle regarde les étoiles se refléter à la surface de l'eau.

Il fait nuit et elles scintillent dans le ciel. Il fait noir, et la lune brille dans le ciel.

Sa main aux doigts arachnéens se tend jusqu'à toucher un des points scintillants, créant une ride sur l'eau de l'étang. Une image se forme sur le miroir liquide. Il s'agit d'une jeune femme allongée sur une feuille d'arbre gigantesque d'un beau vert de printemps.

Une autre étoile se transforme en image mouvante. Un jeune guerrier fait couler le sang vermeille de son épée double sur un champ de bataille aride.

Paix d'un côté, guerre de l'autre. Calme et violence. Innocence d'un côté et dégénérescence de l'autre.

Elle ne ressent pas de tristesse pour le jeune guerrier, ni de partialité envers la jeune femme allongée sur sa feuille. Ils sont magnifiques car tous deux sont des poètes en train de s'émerveiller.

 

Comme pour confirmer ses pensées, les deux jeunes gens se mettent à rire au même instant.

Ils s'émerveillent de la poésie de l'instant et en jouissent : petite goutte d'eau allant s'étaler sur son front. Petite goutte de sang allant s'écraser sur le sien. La poésie de l'eau et du sang.

 

Une troisième image se forme entre les deux premières. On y voit un jeune homme assis à son bureau, occupé à écrire sa poésie. Une poésie faite de fleurs épanouies et de sang gouttant des marches d'un escalier.

La demoiselle sur son lotus sourit. Ainsi les deux contraires se sont retrouvés, pense-t-elle.

 

"Poésie de l'Un et de l'Autre. Grand Émerveillement n'est-il pas ?"

murmure Bardhena maîtresse de l'Un.

 

Sur les trois images mouvantes, les Poètes sourient à cette parole.

Conte 7 : Discerner le vrai du faux

Ils me disent tous un chemin, mais lequel est le bon ?

"Viens parmi nous, cette route est véridique."

Aucune de ces routes n'est la même, mis à part ce qu'ils en disent.

J'ai du mal à discerner le vrai du faux.


Le monde dans une perpétuelle cacophonie hurle à mon cerveau des préceptes à en devenir schizophrène.

Et tout est éclaté comme un putain de puzzle au delà du gigantesque.

C'est le labyrinthe, et l'opération Ariane (a ri l'âne) a pris du retard.


Ces Fois caléidoscopiques s'incrustent dans mon esprit et le diffractent : énorme mal de crâne.

Tout va mal, j'en deviens moi-même divisé.

Et j'ai beau savoir, tout ceci me rattrape, tandis qu'une céphalé bien plombée me déchire la cervelle.




Écoute !

Tout ceci est extérieur !

Écoute !

Ton âme en train de t'appeler !

Écoute !

Ceci est manifeste : contempler le puzzle gigantesque te fera devenir schizophrène si tu as oublié la direction intérieure !


Qu'est-ce qui fait de toi un être capable de faire ce que lui seul sait faire ?

Qu'est-ce qui fait de toi un être unique bien que relié à ce tout ?

Allah s'exprime dans le coeur de chacun ; as-tu des oreilles pour l'entendre ?

Suis sa direction et tu traverseras le puzzle des apparences sans même t'en rendre compte.


Écoute : le puzzle est une distraction qui égare !

Écoute : le puzzle n'est que le produit d'une illusion !

La pensée unique qui divise !

La pensée divisant qui unit !


Où est le vrai du faux et où est le faux du vrai...

Es-tu désormais capable de répondre à cette question ?



...................................................... (écrivez ici votre réponse personnelle au crayon de papier HB criterium. Car ceci est le vrai chemin qui permet d'écrire tout en gardant la possibilité d'effacer sa réponse avec le temps et de changer d'avis !)


Conte écrit à la lumière de Bardhena, la Séparatiste qui Unifit.

Complément au conte 7

Le vide est forme.

La forme est vide.


Crois-tu qu' Ous aie créé ces différentes Religions dans un but vide ?

Elles sont l'Un séparé en Multiple.

Elles sont le Multiple relié (Religion) à l'Un.


Elles sont des formes vides.

Elles sont des vides formées.


En ces temps de vide spirituel se prépare la Forme-

Vide de l'Un Multiple.


La Religion : (re)Légion reformée de vide.


Vois-tu désormais l'armée (Art-aimée) des Croyants, la Légion de la Religion Vide se lever ?


Crois-tu qu'Ous aie créé ces différentes Légions dans un but formé ?

Elles sont le but vide de forme, formée de vide.


Vois et tu seras aveugle.

Aveugle tu es et verras-tu.

Conte 8 : Énergies Nouvelles+Mémoires Anciennes=BOUM !

"Demande-toi, Sucellus. Demande-toi pourquoi je t'ai fait appeler ici et maintenant. Tu étais pourtant si tranquille dans ton royaume souterrain... Pourquoi t'ai-je demandé de ressurgir maintenant ?"

"Sont-ce là des ruines romaines ?"

"Un amphithéâtre, pour être plus précis. Romain d'après les sources officielles..."

La nuit tombait sur la ville de Lyon. De fins nuages voguaient de ça, de là dans le ciel et quelques étoiles commençaient à briller faiblement. Elles resteraient cependant en petit nombre encore cette nuit. Il n'y avait jamais énormément d'étoiles dans le ciel de Lyon depuis que les humains avaient pollué la nuit de leur lampadaires.

"Tu m'as tiré d'en-dessous par la colline de Fourvière. Je pensais que plus personne ne se souvenait du chemin menant à mon antre."

"Pas pour nous. Nous connaissons les chemins."

Sucellus déporta son regard vers le nord et croisa les lumières de la basilique de Fourvière. Pendant plusieurs minutes, il l'observa sans aucune expression sur son visage.

"Il semble pourtant que les humains se souviennent du caractère saint de l'endroit."

"Peu d'entre eux. Et ceux qui le savent n'en parlent qu'à de rares élus. Ce qu'il y a en dessous de la colline de Fourvière, l'entrée vers ton domaine... Non, en fait toutes les entrées vers le royaume souterrain. Ce genre de choses est devenu un secret donnant du pouvoir à ceux qui savent."

Sucellus  monta les gradins à sa suite. Du haut de l'amphithéâtre, une bonne partie de la ville était visible, ensemble de bâtiments en bétons, de lumières artificielles et de bruits de voitures et autres engins à moteur. Et au-dessus de tout ça trônait le Crayon.

"Depuis quand ont-ils installé cette machine sur le toit de cet immeuble ?"

"Il y a plusieurs années de cela maintenant. Plus que tout, cette pyramide noire montre à quel point peu savent. S'ils savaient, ils n'auraient pas laissé une telle chose se produire."

Sucellus détourna les yeux de l'immeuble de la Part-Dieu et s'assit sur le gradin de pierre.

"Venons en au fait. Pourquoi m'as-tu traîné à la surface ? Tu sais bien que depuis la Chute, je ne suis plus remonté."

"N'as-tu pas senti les changements ?"

"Bien sûr. Il faudrait que je sois aussi enfoncé dans la matière qu'eux pour ne pas m'en rendre compte."

"Alors, tu as bien senti que la Terre s'élevait en vibrations."

"Ça ne veut pas dire que les humains s'élèvent eux aussi. Et ce que je vois semble me le confirmer. Uranthia pourrait très bien avoir comme volonté de les envoyer se nettoyer ailleurs comme un vêtement très sale."

"Tu es bien dur avec les humains. Tu as l'air d'oublier qu'Ous..."

Sucellus se mit à rire de dérision.

"Ous ? Cela fait bien longtemps qu'Ous a délaissé cette planète. Oh, Ous avait ses raisons..."

"Et Ous est aux commandes."

Sucellus eut un soupir dédaigneux.

"Pourquoi être aussi désespéré ? Aurais-tu perdu Foi ?"

"Sais-tu combien de tentatives ont été faites pour les sortir de leur prison de matière ? J'ai vu des proches partir accomplir leur devoir : rappeler aux humains qui ils sont, avec comme résultat de les voir embourbés eux aussi. Les humains sont incurables. Malgré tous nos efforts, c'est à peine si la planète a survécu jusqu'à maintenant..."

"Tu penses qu'Ous a échoué ?"

"Je pense surtout que je ne comprends pas où Ous veut en venir."

L'interlocuteur de Sucellus posa une main compatissante sur son épaule.

"Si tu suis ton ordre de mission attribué par Ous, tu comprendras au final le pourquoi du comment."

Et elle lui tendit un papier diaphane venant d'apparaître dans sa main. Sucellus le prit et lut ce qui y était écrit.

"Ous veut que je ramène l'Ancienne Sagesse au coeur des Nouvelles Énergies ?"

"Tu as carte blanche quant au comment tu feras pour y arriver."

"Pourquoi Ous voudrait-Ous ranimer les mémoires anciennes ? Veut-Ous une nouvelle Chute Atlantéenne ? Car c'est ce qui va se passer avec ce qu'il me demande !"

La colère et l'incompréhension flottait dans la voix de Sucellus.

"Si tu parles de ça, tu n'as qu'à regarder autour de toi. La Chûte Atlantéenne est partout depuis."

"Alors cela ne fera qu'empirer les choses !"

"Tu oublies les Énergies Nouvelles."

Cela réduisit Sucellus au gromellement. Il savait que son interlocuteur avait raison. Mais sa colère était trop profonde pour passer par dessus.

"Ous t'a attribué cette tâche, et tout ce qu'Ous fait a une raison infaillible. Qui sait ? Cela va peut-être te soigner ?"

Sur ce, son interlocuteur s'éloigna de quelques pas et disparut dans un brouillard blanc venu de nul part, laissant Sucellus seul sur le gradin le plus élevé de l'amphithéâtre gallo-romain de Lyon. Le maître du royaume souterrain jeta un dernier coup d'oeil à sa feuille de route, puis se leva et demanda à ses sujets de remonter à la surface et de commencer à activer les réseaux de circulation des mémoires. Plongé dans ses pensées, Sucellus redescendit les escaliers pour se retrouver sur la scène. Là, il saisit le verrou éthérique et le déverrouilla, laissant les ondes de mémoire résonner librement.

Sucellus, maître du royaume souterrain avait encore énormément de choses à faire, aussi ne s'attarda-t-il pas pour contempler en vision éthérique les débuts des transformations. Il regagna rapidement son royaume en passant par la colline, tentant d'ignorer par purs fierté et entêtement la réjouissance et le soulagement que son âme ressentait depuis qu'il avait brisé le sceau de la mémoire.


Conte écrit à la faveur d'une visite et de Bardhena, Unificatrice des Anciens et des Modernes.

Conte 9.1 : la Matrice

Siddharta marche et la Matrice se plie devant lui.

Issa marche, et la Matrice se plie devant lui.

 

Krishna marche, et il est intouchable par la Matrice.

 

Comment cela est-ce ?

Conte 9.2 : Le Bouddha Primordial fait son speech

Dans le grande vide primordial d'Ous nage un grand plein vide de sens : la séparation d'Ous. Dans ce grand plein vide de sens, l'Illusion de Maya y règne et la Conscience s'y perd, se fragmente, se labyrinthifie, se kaléïdoscopise.

Au coeur de se foutoir inutile se tient une entité stable à la Conscience Pure depuis l'origine de ce plein vide de sens : le Bouddha Primordial, sans nom car vide.

Le décrire physiquement est un problème insoluble et donc n'en est pas un. Son corps englobe l'ensemble du plein, ses yeux voient tout et Il Est tout. Et de ce fait Il Est Rien. Et Il le Sait car Il a la Conscience Pure.

Et à travers le Plein Vide, ses pensées viennent frapper aléatoirement des gens de manière calculée, s'exprimant de manière hachée entre les dimensions, les univers, et les époques.


"L'Amour et le Néant, où est la différence ? Tout est Vide et donc tout est Plein. Le Début existe dans la Fin et vice-versa.

Commences-tu enfin à voir le Suprême Indivisible ? Tout est Un car Rien existe. L'Amour sous tend toute chose, se cache derrière toute chose car il est Vide néantique.

Te souviens-tu des moments où tu as cru fondre d'Amour ? Dans l'Amour ? Vois-tu que tout commence et finit ici ? Vois-tu que ce que je viens de dire signifie aussi que rien a commencé ?

L'Amour Unifie dans la Vérité. Et la Vérité est Une dans l'Amour (Bleu, Blanc, Rouge), c'est là la signification de votre pays.


Vois-tu ce qu'est la Peur ? Elle est l'illusion qui sépare, qui fait croire en un labyrinthe où la Conscience se perd. Elle est le mur invisible.

Celui qui choisit la Peur doit savoir qu'il choisit de s'aveugler. Celui qui choisit l'Amour choisit d'accueillir la Lumière.

Dès que tu as peur, alors tu sais que tu peux être en paix, car elle indique à celui qui cherche à voir que ce qu'il craint est une illusion.


Comprends-tu que Tout est illusion et que l'illusion est Rien ? Et que c'est parce que cela est que le Miracle de l'Amour est possible ?

Ce Savoir est la Bénédiction Suprême, et qu'il est bon d'en être reconnaissant !"

Conte 10 : L'Utopie

En ce jour de portail du Lion (8-8-8), laissez-moi vous conter l'Histoire de l'Utopie.


Elle commence dans un pays lointain et nombreux étaient ces habitants, aussi nombreux que les étoiles qui peuplent le ciel, autant que les arbres sur Terre.

Le bonheur régnait car ils avaient la Maîtrise de leur vie, en glorieux Architectes qu'ils étaient tous.

Tout malheur était compris, intégré, apprécié.

Les technologies des plus rudimentaires au plus subtiles étaient connues et utilisées partout. Nombreux étaient ceux qui s'intéressaient au Peuples des étoiles et entretenaient d'excellentes et honorables relations avec eux.

Et la Mort était objet de grand Respect, vécue dans la Joie lorsqu'elle venait, enseignée dans les Écoles du Savoir.


Un jour se présenta au peuple de l'Utopie un berger avec son troupeau de mouton. Celui-ci était apparu de nul part, et personne ne sut jamais par la suite d'où il venait.

Ce berger arriva donc un jour comme les autres dans la Ville principale de l'Utopie et s'installa au coeur du forum avec ses brebis, agneaux et moutons. Personne ne l'en empêcha car les notions de dérangement étaient en ce temps là inconnues. Tout le monde l'accepta avec joie et curiosité, car on aimait alors apprendre toujours plus.

Le regard du berger en particulier intriguait bon nombre de personnes. Il les regardait en effet comme s'il voyait des prisonniers. Et certes, tel fut son message :

"Vous êtes des esclaves, englués dans la réalité. Vous profitez des plaisirs de ce paradis sans voir qu'ils en constituent aussi les barreaux dorés.

Venez avec moi et je vous montrerai comment sortir de la cage."


Certains écoutèrent et le suivirent. Les autres, la majorité, rirent de lui et le laissèrent dire affirmant que la réalité était devant leurs yeux et ne consistait pas en une prison.

Le berger resta dans l'Utopie 7 jours où il fut nourri et logé par ceux qui l'écoutaient. Puis, au bout de ce terme, il partit avec son troupeau, animal et humain.

Les gens de l'utopie assistèrent à leur départ en leur souhaitant bon voyage et les adieux se firent dans la bonne humeur.


Le peuple de l'Utopie avait choisi de vivre dans la matière et son côté astreignant. Ils avaient choisi ici la prison plutôt que la Liberté.

La Réalité étant ce qu'elle est, elle prit compte de leur choix.

Un an plus tard, l'Utopie fut détruite en une nuit par un violent cataclysme et disparut des mémoires.

Et jamais elle ne resurgit. Jusqu'à aujourd'hui.


En ces jours d'Ascension où une nouvelle Utopie se profile à l'horizon, je préviens l'homme et la femme et l'enfant qui vont y entrer. Choisirez-vous Prison ou Liberté ?


De Bardhena, l'Unité.

Conte 11 : Le théorème du puits de Lumière + annonce

Au milieu d'un vaste champ où le regard se perd au loin, parcouru par les vents du nord, du sud, de l'est et de l'ouest, était érigée une petite fontaine.


Le pays était alors sous le coup d'une terrible sécheresse, et ce depuis des éons, au point que l'eau avait été oubliée par ses habitants.

Pour autant, ils n'étaient pas morts de déshydratation car un fruit s’accommodant très bien des températures extrêmes poussait, rempli d'un liquide se substituant à l'eau. Il donnait suffisamment pour ne pas mourir de soif, mais pas assez pour l'étancher.

Le fruit permettait au peuple de survivre. Il devint l'élément crucial du pays. Certains en firent une religion, la religion du fruit, et le peuple entier s'enferma dans une croyance dissonante et absurde.

Car pendant ce temps là, l'eau continuait à couler de la fontaine construite au milieu de champs battus par les vents.

Elle attendait patiemment, tranquillement qu'on la retrouve.


Il advint un jour qu'un petit enfant trouva la fontaine. Il s'était perdu et avait grand soif, ayant épuisé sa réserve de fruit. Voyant l'eau couler, il se demanda tout d'abord ce que cela pouvait être. Mais, devant la soif qui lui asséchait la langue et l'apparente fraicheur de l'eau, l'instinct le guida et il but.

La soif le quitta.

Plus tard, il ramena ses parents afin qu'ils puissent y boire eux aussi, mais, engoncés qu'ils étaient dans la religion du fruit, ils eurent peur de l'eau et interdirent à l'enfant de revenir.


Pourtant, l'enfant se souvenait de la qualité désaltérante de l'eau, et le fruit n'avait plus aucun attrait pour lui. Aussi revint-il à la fontaine sans que personne ne le sache.

"Toi qui apaises la soif bien mieux que le fruit, qui es-tu donc ?"

Silence troublé uniquement par le bruit de l'eau.

"Je vois mes semblables enfermés dans une croyance obscure qui les maintient dans la souffrance. J'y ai cru aussi, jusqu'à ce que je te croise et que tu m'ouvres les yeux. Le fruit n'est rien. Et tu es tout."

Silence de la part de l'eau.

Prenant ce manque de répondant pour un signe de la supériorité divine de l'eau, le petit enfant s'agenouilla avec respect et courba la tête.


À ce moment précis survint un jeune nomade parcourant le monde avec son troupeau de chèvres du désert. Lorsqu'il entendit le monologue et les gestes de soumission de l'enfant, celui-ci éclata de rire et il lui adressa la parole en ses termes.

"Je te vois parler à quelque chose qui n'a pas de voix, et agir avec cela comme s'il était ton seigneur. Dis-moi, petit, es-tu malade dans ta tête ? Ne vois-tu pas pourtant que ce n'est que de l'eau ?"

L'enfant décontenancé, lui expliqua la situation de son pays et sa croyance en une chose nommée le fruit.

"Je comprends mieux ton comportement absurde. Laisse-moi te confier un petit secret mon ami. Rien de ce que tu vois mérite ton respect au point que tu te soumettes. Rien, absolument rien, fut-il détenteur d'une immense puissance, vaut la peine que tu ploies le genou devant lui. Même s'il était invisible à tes yeux, qu'il t'apporte son aide ou non."

L'enfant fut choqué par ses paroles. Devant l'immensité du monde, il devait bien y avoir quelqu'un à respecter : celui à l'origine de tout ceci !

Le nomade eut un fin sourire.


"Cesse de te laisser impressionner par ce que tu vois, sens, ressens, touche, goûte, entend, perçois, visualise... Tout ça, c'est Vide de sens."


L'enfant ne comprit pas ce qu'il voulait dire.

"C'est simple. Plus tu avanceras dans tes pérégrinations, et plus tu te rendras compte que tout est infini, sans fin.


C'est Vide.


S'il y a bien quelque chose à laquelle tu peux ressentir du Respect, de la Foi, c'est bien devant cela : le Vide.


Car le Vide est l'Origine du Tout."


Et sur ce, le nomade reprit sa route, laissant l'enfant perplexe, incertain d'avoir compris, mais plus fort et en devenir d'Indépendance.


*


Je suis Bardhena, et mes messages d'Unité sont multiples et pourtant reviennent à Un.


Je profite ici d'un Conte pour officialiser quelque chose et mettre au clair quelques détails.


Tout d'abord, je vous annonce que mon job de conteuse est presque fini. Avec celui-ci, nous atteignons le nombre 11, et il n'est pas prévu qu'Ous dépassions le nombre 13. Tout a un sens, surtout ce que je marque l'air de rien ^^ (attention : ici ÉNOOOOOOORME COUP DE POUCE)


Le site continuera à être ouvert bien entendu afin que vous puissiez accéder à mes 13 contes encore et toujours de manière perpétuelle, sans limite, avec Vide (rires).

De plus, ce site porte certes mon (glorieux) nom, mais il est aussi le porte-avion de nombreux autres scribes (passés, présents et futurs) qui sont pour la plupart très loin d'avoir fini de poser la plume, même si leurs publications peuvent paraître hachées et discontinues. 


En ce qui concerne mes contes et leurs diffusions, vous êtes bien sûrs encouragés à les imprimer pour votre usage personnel (même si chacun a sa manière de faire, n'est-ce pas). Vous aurez remarqué peut-être que mis à part quelques textes antérieurs à la création du site, on ne me voit pas vraiment ailleurs (sauf exceptions). Je tiens à préciser que J'INTERDIS à Jonas de répandre de lui-même mes contes. Cependant, au cas où une personne d'un autre site est amené à se demander s'il peut prendre mes contes et les mettre sur son site, alors il le peut s'il mentionne le site d'origine et copie le conte entièrement. (Je précise que cette autorisation est valable uniquement pour mes contes. En ce qui concerne d'autres scribes comme le Mérovingien ou Shimon etc..., il faudra le leur demander.)


J'entends des plaintes venant de votre part à l'idée que je Disparaisse *rires*. Quoi de plus naturel pour moi qui parle du Vide... "Calme-toi, on va pas te déporter"... *rires* Je vous rassure, ai-je dit que j'allais cesser de m'exprimer ? Vous verrez bien sous quelle forme cela dit. Pour l'instant, il faut encore que je termine les 13 contes !


Enfin, pour terminer, vous aurez remarqué que beaucoup de mes contes sont sibyllins, peu facile à comprendre car pouvant receler une multitude de sens...

C'est parfaitement voulu, vous pensez bien. Non, je ne vous donnerai pas le sens réel des textes (y en a un ? Mystèèèère), mais je vous propose en revanche de répondre à vos questions par mail si jamais vous avez une interrogation profonde à leurs sujets.

Je précise que je me réserve le droit d'ignorer vos questions si je sais qu'elles n'apporteront rien. Vous êtes prévenus !


Contrairement à ce cher Khubya, je suis du genre extrêmement discrète, voire cachotière. Faire de grands gestes et attirer l'attention n'est pas dans ma nature. Faites donc attention quant à mes réponses, si jamais vous me posez une question. Qui a dit que je me cantonnais aux mails ?



Je suis Bardhena, Grande prêtresse du Vide Absolu aux Iris bleu Vérité.

Conte 12 : "Retourne à l'Abysse démon !" Ou pas

Les eaux sont profondes en mon domaine, et fort peu sont ceux qui se sont aventurés dans mes abysses.


Le jeu en vaut pourtant la chandelle car ceux qui en ressortent se voient transformés de l'intérieur.

Une autre vie, un autre monde, un autre temps.

Le pouvoir de l'abysse, celui qui plonge son hôte dans la solitude, à l'écart des autres hommes et femmes.

Pourtant, il reste un homme.


Il attire à lui ce qui lui ressemble, le domaine lui est bien connu.

"Que savez-vous des profondeurs abyssales de l'être humain ?"

Ah, que ceci est puissant et majestueux sans aucune fin. L'abysse de la Vérité, l'abysse de l'amour, l'abysse de la haine, de la colère. L'abysse du Savoir.


Je le répète, les eaux sont profondes en mon domaine, et beaucoup sont ceux qui restent à la surface.

Je donne mon trésor à ceux qui ignorent la fin, qui connaissent l'infinité et n'en sont point effrayé.


Si tu veux obtenir le pouvoir du roi, alors visite l'Abysse. Quelle effrayante perspective.


Voila ce qu'il te faut pour être le Maître incontesté de la planète.



Dites-moi, dans cet Abysse, où se trouve l'Unité ?

Dites-moi, dans cet Abysse, où se trouve le Maître de soi ?


Dis-moi, toi qui plonge. Cela est-il nécessaire que tu y ailles ?

Dis-moi, toi sur la berge. N'es-tu pas bien en dehors de tout cela ?


NE SAIS-TU PAS DÉJÀ CE QUE TU TROUVERAS AU BOUT ?

Alors, pourquoi te lancer dans la lutte matérielle ?



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Leçon intemporelle numéro 0 cachée au monde depuis l'Utopie.


Bardhena la folle heureuse.

Le chant du masochiste

Conte 13 : le rêve du monde

Il était une fois un monde où les gens souffraient.

Cela faisait partie intégrante de leur paramètre. On peut dire même qu'ils ne pouvaient pas s'en empêcher. Pourquoi souffraient-ils ? Ils en avaient oublié la raison. Ils s'étaient même persuadé que ce serait leur lot ; que cela était normal ; que cela était même louable de souffrir pour certains buts, certaines intentions.

"Si tu ne te donnes pas du mal, alors cela ne vaut rien."

Certains avaient mis comme credo cette phrase.

Il était donc une fois un rêve dans lequel les êtres humains s'amusaient à souffrir tout en détestant cela ; tout en en ayant terriblement peur.


La peur. Elle envahissait le monde. Peur de souffrir. Mais en même temps on voulait souffrir, donc on voulait avoir peur.

Il était donc une fois un monde où les hommes s'amusaient à avoir peur, tout en détestant cela.


C'était un rêve totalement absurde, dénué de sens. Un rêve purement et simplement masochiste. Un rêve où des êtres sensibles mouraient de faim sur un continent aride, plongeant dans la culpabilité (SOUFFRANCE !!) les autres vivant sur le bon continent. Un rêve où des enfants étaient violés dans les endroits sombres et secrets pour plonger le monde dans la dépression (SOUFFRANCE !!). Un rêve où le travail épuisant était récompensé par une drogue que tout le monde s'arrachait : l'argent (SOUFFRANCE !!). Un rêve où les relations humaines incompréhensibles par nature étaient étudiées, analysées pour être comprises (SOUFFRANCE !!). Un rêve où l'on te faisait souffrir de ne pas souffrir (SOUFFRANCE !!!!!).


Il était une fois un monde sans queue ni tête, défiant toute logique, plongé dans la souffrance, bloquant la route si simple du bonheur.


Le bonheur est simple ! (MENSONGE !). La vie est facile, merveilleuse et fantastique (NAÏVETÉ !). Je m'aime (ORGUEILLEUX !). Peu importe le regard des autres (IMPUDENT !).


Il était une fois un monde où les clefs de la Libération par la Transformation étaient méprisées.


Ce rêve masochiste est celui-ci.


Alors qu'est-ce que vous allez faire désormais ?


Vous pouvez vivre sans souffrance. Le croirez-vous ?


Combien se diront que cela est la tentation du démon ? Que le Dieu de bonté dit que pour le rejoindre il faut souffrir ?


Il était une fois un monde où on continue à donner le choix : souffrir ou cesser de souffrir si s'en est trop.


Il était une fois un monde rêvé si simple à changer.


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Leçon du berger hors Utopie numéro 1, cachée au monde depuis le Déluge.

555/666/000>>>> 9/11


Dernier conte de Bardhena "l'Unité à porté de main."

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Protocole conte complété.

>>>>>

Initialisation du nouveau protocole de transmission.

Code : Archives

Début du protocole : ???